Le Conseil des ministres a approuvé ce mardi le Statut des bourses, une norme qui attendait de voir le jour depuis plus de deux ans (en 2022, nous disions qu'elle était « à portée de main ». Le texte, promu par le ministère du Travail et de l'Économie sociale de Yolanda Díaz, cherche à mettre fin aux abus du travail que subissent depuis des années des milliers d'étudiants stagiaires, connus sous le nom de « faux boursiers ».
Le nouveau statut, « Loi sur le statut des personnes en formation pratique non professionnelle dans l'entreprise », fait partie de l'accord que le ministère du Travail a conclu en juin 2023 avec les syndicats CCOO et UGT, mais qui a ensuite été rejeté par les employeurs, les recteurs et une partie du gouvernement lui-même. Malgré le temps qui s'est écoulé depuis, l'élément clé du pacte est le suivant : garantir que les stages sont une formation et non un instrument pour pourvoir des emplois à moindre coût.
Que de changements. Le projet de loi introduit plusieurs changements importants. Le plus notable est la réduction de moitié du nombre maximum d'heures qu'un étudiant peut effectuer en stages extrascolaires, qui passe de 960 à 480. L'intention est d'éviter que ces périodes, sans rapport direct avec les crédits universitaires, ne se prolongent indéfiniment et ne remplacent un véritable emploi.
Par ailleurs, les entreprises et entités publiques qui accueillent des étudiants doivent les indemniser pour leurs frais de déplacement et de séjour, tant qu'ils ne perçoivent pas de rémunération. Le statut reconnaît également des droits qui n'étaient pas du tout clairs jusqu'à présent : les pauses, les vacances, l'accès aux mêmes services que les travailleurs (comme la salle à manger ou le parking) et la protection contre les risques professionnels, la violence et le harcèlement.
De plus, les stages ne peuvent être effectués que dans le cadre d'une convention formelle avec un centre de formation agréé et les tâches doivent respecter le plan de formation. Lorsqu'une entreprise fait appel à des stagiaires pour remplacer des salariés ou lorsque l'activité n'est pas liée aux études, l'existence d'une relation de travail sera présumée, avec tout ce que cela implique.
Des amendes et surtout : peu d’options pour avancer. Le non-respect de cette règle peut entraîner des pénalités pouvant aller jusqu'à 225 000 euros. Son parcours politique est cependant incertain : le texte doit revenir au Conseil des ministres après avoir reçu les rapports obligatoires puis passer par le Congrès, où son approbation semble compliquée compte tenu des derniers affrontements entre partis à l'investiture. La rupture du pacte entre le PSOE et Junts, ainsi que le manque de soutien préalable de plusieurs partenaires clés du gouvernement, réduisent au minimum les chances de succès de la loi.
La dernière tentative pour mettre fin à des années de précarité. Le statut des bourses vise à corriger un modèle qui, depuis des années, normalise la figure des jeunes stagiaires pratiquement sans droits. Ce n'est pas quelque chose d'isolé : en Espagne, il y a encore des centaines de milliers de jeunes sans emploi ou avec des contrats précaires, et plus d'un demi-million qui n'étudient ni ne travaillent. Nous sommes sur le podium de la zone euro en matière de chômage et de surqualification des jeunes.
Yolanda Díaz a défendu que cette règle « met fin au phénomène des fausses bourses et garantit une formation juridique ». Il devra d'abord être approuvé par le Congrès.
Par | El País et Europa Press